Carlo LABRUZZI (1748-1817), Le Repos de la Sainte Famille, 1776. Huiles sur toile. Compiègne, musée national du château, dépôts du musée du Louvre. H. 0,86 ; L. 0,598 m (avant restauration en lumière rasante ©C2RMF/Gérald Parisse – avec tests de nettoyage ©C2RMF/Thomas Clot)
Carlo LABRUZZI (1748-1817), Le Repos de la Sainte Famille, 1776 & Télémaque et Minerve, vers 1775-1780. Huiles sur toile. Compiègne, musée national du château, dépôts du musée du Louvre. H. 0,86 ; L. 0,598 m (avant restauration en lumière directe ©C2RMF/Gérald Parisse – après nettoyage ©C2RMF/Thomas Clot)
Conservées depuis longtemps en réserve, ces deux tableaux étaient dans un état de conservation assez mauvais : ils avaient en commun un vernis très jauni et un fort encrassement qui altéraient profondément le coloris raffiné de ces paysages. Par ailleurs, le premier présentait une importante déchirure et lacune de toile dans le paysage, et un vandalisme sur les yeux de la Vierge, tandis que la toile du second était très oxydée, et que des repeints débordants avaient été posés sur ses craquelures prématurées.
Après le décrassage, un niveau de nettoyage cohérent du vernis a été proposé par Carole Clairon-Labarthe et Claire de Fleurieu pour garder la cohérence de ces deux toiles qui ont peut-être été conçues en pendant : ce niveau a été assez poussé pour pouvoir atteindre la couche des repeints mentionnés dans le second tableau et les retirer. Par ailleurs, les deux toiles ont été renforcées par un doublage, tandis que le châssis qui était original a été conservé mais équipé d’un chanfrein afin de minimiser les risques de cassures de la toile et de la couche picturale.
Enfin, la réintégration choisie a été de type illusionniste pour ces deux tableaux peints de manière raffinée : la lacune dans les feuillages était importante, mais ce sont les yeux de la Vierge qui ont posé un véritable problème de reconstitution : à partir du moment où il était décidé de les reconstituer, quelle expression leur donner ? Au vu de l’iconographie de l’oeuvre, où l’Enfant Jésus fait signe à son père de ne pas faire de bruit, il a été choisi de favoriser une expression rêveuse, les yeux baissés, pour laquelle on pouvait s’inspirer du visage de Minerve dans l’autre tableau. Les différentes décisions concernant ces restaurations ont toutes fait l’objet de discussions et ont été validées par les responsables scientifiques de l’oeuvre, Juliette Rémy et Hélène Meyer, conservatrices à Compiègne, ainsi que Stéphane Loire, conservateur au musée du Louvre.
Matthieu Gilles